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Dermatologie Vétérinaire

Blog d'information de dermatologie vétérinaire tenu par des spécialistes en dermatologie vétérinaire

Toxidermie chez le Chien

Publié le 10 Décembre 2012 par Dr Noëlle Cochet-Faivre in Allergies

Définition

 

On désigne par toxidermies ou réactions cutanées aux médicaments, les signes cutanés non attendus, observés lors de la prise de médicaments par voie orale ou injectable.

 

Etiopathogénie

Les toxidermies peuvent être secondaires à un mécanisme immuno-allergique (urticaire, angioedème, érythème pigmenté fixe, syndrome de Stevens-Johnson, syndrome de Lyell),  toxique (réaction phototoxique), de surcharge ou pharmacologique avec libération de médiateur tel que l’histamine (urticaire).

Les facteurs de risque chez le chien et le chat ne sont pas aussi bien connus que chez l’Homme. Une prédisposition génétique est suspectée chez le Doberman à l’égard des Sulfamides (famille d’antibiotiques).

Chez l’Homme l’âge, la polymédication, les infections concomitantes notamment virales sont des facteurs de risque.

Tous les médicaments peuvent avoir des effets secondaires qui sont parfois connus (ex cefalexine-vomissement) parfois inattendus. Les médicaments, pouvant avoir des manifestations cutanées, les plus souvent impliqués sont les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les vaccins, les anti-épileptiques.

 

Signes cliniques

Les signes cliniques peuvent être bénins (érythrodermie, urticaire, prurit) ou extrêmement grave mettant en jeu le pronostic vital car s’accompagnant d’un décollement de la peau. Ils peuvent être juste localisés à la peau ou associés à un syndrome fébrile, des troubles organiques (insuffisance rénale, myocardite …).

Les principales entités décrites chez le chien ou le chat sont

-       l’urticaire ou l’angioedème : apparition de plaques, papules ortiées ou gonflement de la face (fig 1 réaction vaccinale chez un chiot faisant un angiodème-face d’hippopotame)

Fig 1 Réaction vaccinale chez un chiot, angiodème


-       érythrodermie : rougeur plus ou moins généralisée du corps (Fig 2 : érythrodermie chez un beagle en réaction à un traitement pour la thyroïde)

 

Fig 2 Erythrodermie


-       érythème fixe : apparition d’une rougeur très localisée voire d’un ulcère après absorption d’un médicament

-       panniculite post injection

-       l’érythème polymorphe qui se traduit par l’apparition de lésions cibles sur la peau (Fig 3 : Erythème polymorphe majeur suite à l’absorption d’antibiotiques)

 

Erythème multiforme majeur


-       le syndrome de Stevens Johnson et le syndrome de Lyell sont deux entités d’un même spectre clinique dont la plus grave est le syndrome de Lyell aussi appelé nécrolyse épidermique toxique. L’apparition des lésions est brutale, rapide ; elle  s’accompagne de fièvre, d’un décollement de l’épiderme, des jonctions cutanéo-muqueuses et de certaines muqueuses. La douleur est intense. Le taux de mortalité est élevé en raison du risque infectieux, des pertes hydriques, ioniques et protéiques.

 

Diagnostic

Le diagnostic se fait par imputabilité c’est à dire par l’établissement d’un lien de causalité entre une manifestation clinique et un médicament. En effet, excepté dans l’érythème fixe et, dans une moindre mesure, le syndrome de Lyell, les signes cliniques ne sont pas caractéristiques d’une toxidermie.

L’imputabilité s’appuie sur des données extrinsèques (c’est à dire  les données de la littérature) et les données intrinsèques qui concernent les symptômes observées et les médicaments consommés. Les données intrinsèques repose sur le délai d’apparition des lésions et la prise du médicament (> 7 jours pour un médicament prescrit pour la première fois, moins d’un jour en cas de réexposition), la guérison ou non à l’arrêt du médicament et la réapparition des lésions en cas de reprise du médicament (rarement effectué car potentiellement dangereux).

 

Pronostic

Excepté dans le syndrome de Lyell, le pronostic est très souvent bon à l’arrêt de la prise du médicament. Il est d’autant meilleur que le traitement a été arrêté tôt, il ne faut pas hésiter à contacter son vétérinaire en cas d’apparition de syndrome fébrile lors de la prise d’un médicament, de changement de comportement, de rougeur anormale de la peau.

 

Traitement

Le traitement consiste à suspendre le médicament responsable. Il sera ensuite adapté aux signes cliniques observés avec la possibilité de ne rien faire (érythrodermie) à la réanimation intensive (nécrolyse toxique épidermique).

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